Phylogéographie et refuges glaciaires en Europe

Au cours de ma thèse, j'ai étudié la phylogéographie des trois principales vipères européennes, la vipère aspic (Vipera aspis), la vipère péliade (V. berus) et la vipère ammodytes (V. ammodytes). Les résultats démontrent une diversité génétique plus importante que préalablement supposée, particulièrement chez V. ammodytes. La présence de nombreux refuges glaciaires utilisés par cette espèce dans la péninsule Balkanique confirme la nécessité d'approfondir les études phylogégraphiques dans cette région. L'étude de la phylogéographie de la vipère péliade a démontré l'utilisation par cette espèce d'un refuge italien, ainsi que la présence de nombreux petits refuges situés au nord des Alpes. A l'inverse, la vipère aspic présente un pattern de recolonisation de l'Europe plus conventionnel, avec l'utilisation de refuges dans les péninsules européennes (Espagne et Italie), mais la mise en évidence d'un petit refuge localisé dans le sud de la France est nouveau pour un vertébré. Ainsi, ces différentes études ont permis de démontrer que les reptiles sont un groupe idéal pour l'étude des patterns complexes de recolonisation post-glaciaire dû à leur faible taux de migration et de colonisation, à la possibilité de survivre dans des refuges restreints et leur aptitude à hiberner.

Génétique des populations et son implication pour la conservation des espèces

La compréhension de la structuration génétique au sein et entre les différentes populations est d'une importance capitale pour la biologie de la conservation. En effet, la dérive génétique liée aux accouplements entre apparentés au sein des populations de taille limitée peut être compensée uniquement par des migrations entre les différents dèmes. A l'aide de marqueurs moléculaires tels que les microsatellites, la migration peut être évaluée et les signes de réduction de la diversité génétique peuvent être détectés. De plus, la consanguinité et la diversité génétique sont souvent mises en relation avec les paramètres de la fitness, tels quel la survie, la mortalité à la naissance ou la fécondité. Cependant, peu d'études ont comparé ces paramètres sur des populations sauvages

Stratégie reproductive

La fitness des animaux est directement liée à leur taux de survie et leur succès reproducteur. Par leur manque de soins parentaux et l'absence de liens sociaux entre les couples reproducteurs, les serpents sont des espèces-modèles idéales pour étudier les paramètres impliqués dans le succès reproducteur. Par exemple, j'ai pu démontrer qu'il y avait une relation directe entre la taille du mâle et son succès reproducteur dans les populations naturelles de vipères péliades. De plus, les paternités multiples (plusieurs pères différents au sein d'une même ponte) sont très fréquentes chez cette espèce, et la raison de ce comportement est encore discutée.

Espèces introduites

Sur le nombre d'espèces introduites, peu arrivent à s'établir et une minorité devient invasive. Néanmoins, ces espèces possèdent un impact considérable sur les communautés naturelles et conduisent à la diminution (voire l'extinction) de nombreuses espèces endémiques. Par conséquent, l'évaluation de leur impact sur les communautés naturelles est d'une importance capitale pour la biologie de la conservation.

Reptiles

Malheureusement, ce groupe est le moins étudié parmi les vertébrés à cause du faible niveau d'interaction avec les humains. Cependant, les reptiles sont des modèles idéaux pour l'étude des stratégies reproductrices, de la phylogéographie et la biologie de la conservation. La majorité des espèces européennes sont menacées par la destruction de leurs habitats, les reptiles ayant des besoins particuliers (micro-structures telles que murets ou tas de pierres). Toutes ces raisons m'ont conduit à focaliser mes recherches actuelles sur ce taxa.